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Les jolis mois de mai

Les jolis mois de mai

 

 

 

 

En ce mois de mai 2018, où on parle beaucoup dans les médias de ce mai 68 et que l’on fête si peu, et qui a pourtant été une révolution pour les jeunes Françaises et Français de l’époque. Ces jeunes qui ont mis à bas le conservatisme des parents et des politiques, et qui ont ouvert la voie à de nouvelles libertés dont la moindre a été la liberté sexuelle qui allait, quelques années plus tard, aboutir à l’IVG et à la reconnaissance des femmes. Combat qui n’est pas encore terminé d’ailleurs.

 

Moi, il me revient le souvenir d’un autre mois de mai, celui de 1958.

La guerre d’Algérie, qui ne disait pas son nom, avait 4 ans et comptait déjà plusieurs milliers de morts de part et d’autres, surtout du côté algérien. Trois soldats français (3 appelés, le sergent J. Richaume du 23e RA, le cavalier Feuillebois du 18e Dragons et le soldat Decourteix du 23e RA) fusillés par l’ALN en Tunisie, allaient déclencher la plus grande manifestation que l’Algérie ait connue de toute sa jeune existence (126 ans).

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, Français et Arabes mélangés, ont déferlé, habillés de tricolore, vers la place du Gouvernement général d’Alger pour dire leur colère et souhaiter que le carnage s’arrête. Tout cela, dans un élan de fraternité qui faisait chaud au cœur. Il faut voir les photos de l’époque pour se rendre compte de l’ambiance où les algériennes jetaient leur haïks et révélaient leur visage au soleil resplendissant de ce mois de mai, le temps des cerises en Algérie.

Les clameurs et les slogans criés à gorges déployées furent, à un moment donné, canalisés par des personnes qui avaient en tête d’autres ambitions que celles exprimées si naïvement par le peuple.

La foule voulait l’armée et des comités de salut public comme au temps de 1789. De son côté les militaires hésitaient devant une telle responsabilité qui se trouvait hors de leur tradition républicaine. Cependant, la grande muette avait en mémoire la défaite indochinoise et l’humiliante bataille de Dien-Bien-Phu. Elle avait aussi en tête la valse des gouvernements de cette IVe république qui, il faut le dire, n’avaient pas une idée très nette du conflit algérien et de ses enjeux. Ces officiers français, las des reculades et des atermoiements des politiciens, voulaient garder cette Algérie à la France. Ils voulaient honorer leurs promesses.

Depuis le balcon du Gouvernement général  où il y avait, entre autres, les généraux Massu et Salan, ce dernier prit la parole, rassura ce peuple bigarré qui ne comprenait pas tout, et après une hésitation lourde de conséquence, et l’encouragement d’un souffleur anonyme, prononça la phrase qui allait changer le destin de la France : « Vive le général de Gaulle ! »

Le peuple reprit en chœur se souvenant de l’homme providentiel de juin 40, même si les pieds-noirs avaient quelques ressentiments contre le grand homme ; en effet, l’Algérie était plutôt pétainiste pour les plus vieux.

Arrivé au pouvoir, le général fit une nouvelle constitution, la Ve. Elle était à sa mesure et Charles oublia les promesses faites dans cette Algérie qu’il disait avoir compris !

La suite on la connaît, avec pour les pieds noirs, un douloureux retour en France.

 

Mais ce mois de mai 1958, que j’ai vécu du haut de mes 13 ans et qui m’a laissé des cordes vocales fragiles à force crier « Algérie française ! » pendant des heures, ne s’est pas arrêté en chemin, il a eu, dix ans plus tard, pour conséquence mai 1968, car les mêmes protagonistes politiciens étaient au pouvoir avec de Gaulle devenu président de la République grâce au suffrage universel inscrit dans la constitution de … 1958.

Les jeunes  de 68 en avaient marre et ils l’ont fait savoir à la Sorbonne, dans les rues, dans les ateliers et ailleurs. La France a été paralysée, l’essence est venue à manquer.

Puis, il y a eu la contremanifestation gaulliste et le retour de notre général qui, entre temps, avait trouvé refuge auprès du général Massu qu’il avait si bien évincé en 1958 alors que ce dernier était populaire et avait gagné la Bataille d’Alger.

 

En résumé, s’il n’y avait pas eu de mai 1958 en Algérie, il n’y aurait probablement pas eu de mai 1968 en France, en tout cas, le destin du général de Gaulle aurait été tout autre.

 

L’Histoire bégaie-telle ?

 

 

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13/05/2018
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